Moscou a accusé lundi Kiev d’avoir mené une attaque de drones contre la résidence du président russe. Volodymyr Zelensky a fermement démenti. Ces accusations fragilisent les négociations en cours entre la Russie, l’Ukraine et les Etats-Unis.
Plusieurs dirigeants européens s’entretenaient mardi matin sur la situation en Ukraine, ont annoncé leurs équipes. Parmi les participants : le premier ministre polonais, Donald Tusk, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Leurs équipes n’ont pas donné davantage de précisions sur l’objet de cet appel, organisé à 11 heures (heure de Paris).
Cet entretien, qui survient au lendemain de l’accusation par Moscou d’une attaque ukrainienne contre la résidence de Vladimir Poutine, s’inscrit dans la suite des intenses tractations diplomatiques en cours depuis novembre pour tenter de mettre fin au conflit. Nous vous tiendrons au courant quand nous recevrons plus d’informations sur la teneur de ces discussions.
Le missile balistique à capacité nucléaire russe Orechnik, déployé en Biélorussie depuis la mi-décembre, prend son service de combat, a annoncé mardi le ministère de la défense russe, alors qu’une cérémonie a été organisée pour marquer l’occasion.
En août, le président russe, Vladimir Poutine, avait annoncé que Moscou avait lancé la production en série de ce missile de dernière génération pouvant porter une charge nucléaire, et affirmé que Moscou pourrait le déployer en 2025 au Bélarus.
En novembre 2024, la Russie avait utilisé pour la première fois l’Orechnik, sans charge nucléaire, pour frapper une usine militaire dans la ville de Dnipro, dans le centre de l’Ukraine.
« Près d’une journée s’est écoulée et la Russie n’a toujours pas fourni de preuves plausibles à l’appui de ses accusations selon lesquelles l’Ukraine aurait attaqué la résidence de Poutine » dans la région de Novgorod, a affirmé mardi le ministre des affaires étrangères ukrainien, Andrii Sybiha, sur X, assurant : « Aucune attaque de ce type n’a eu lieu. »
« La Russie a depuis longtemps l’habitude des fausses allégations, c’est sa tactique préférée », ajoute-t-il, précisant qu’elle « accuse aussi souvent les autres de ce qu’elle prévoit elle-même de faire ».
Le chef de la diplomatie ukrainienne appelle la communauté internationale à « agir de manière responsable et à s’abstenir de réagir à des déclarations non vérifiées », insistant sur le fait que « cela nuit au processus de paix constructif qui a progressé ces derniers temps ».
Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, est revenu lors de son point presse quotidien sur l’attaque de drones contre la résidence de Vladimir Poutine dont Moscou accuse Kiev, qui dément. Selon lui, cette attaque va avoir des conséquences diplomatiques, et « durcir la position de négociation de la Russie ».
Il n’a pas fourni de preuve aux accusations de Moscou, précisant que tous les drones avaient été détruits par la défense aérienne et renvoyant vers le ministère de la défense sur la présence d’éventuels débris.
« Les militaires savent comment, avec quoi et quand répondre aux tentatives de Kiev d’attaquer la résidence de [Vladimir] Poutine », a-t-il aussi promis, qualifiant d’« insensé » le déni de cette attaque par l’Ukraine et certains médias occidentaux.
Alors que Moscou n’a pas précisé si Vladimir Poutine se trouvait dans sa résidence au moment de l’attaque présumée, M. Peskov a fait savoir que sa localisation d’alors n’était « pas un motif de discussion publique dans les conditions actuelles ».
Le président russe et son homologue américain, Donald Trump, maintiennent un « dialogue confidentiel » que de tels actes « ne sont pas susceptibles de perturber », a-t-il également fait savoir.
Selon l’Institute for the Study of War (ISW), les circonstances de l’attaque de drones sur la résidence de Vladimir Poutine dont Moscou accuse l’Ukraine « ne correspondent pas au schéma observé lorsque les forces ukrainiennes mènent des frappes en Russie ».
Quand l’Ukraine attaque la Russie, il y a en général « des preuves vérifiables en source libre », précise l’institut : « des images, souvent géolocalisées, d’opérations de défense aérienne, d’explosions, d’incendies ou de panaches de fumée près des objets visés ; des déclarations des autorités russes locales et régionales (…) ; des rapports provenant de sources locales ; et des médias faisant état d’incendies ou de dommages causés à ces objets ».
Mais l’ISW n’a trouvé « aucune image ni rapport de ce type » qui corroborerait l’affirmation du ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, quant à cette frappe présumée. Or ces images existaient lors des dernières frappes ukrainiennes contre des cibles militaires dans l’oblast de Novgorod.
Par ailleurs, le média d’opposition russe Sota rapporte que les résidents de Valdaï « n’ont pas entendu d’opérations de défense antiaérienne pendant la nuit », alors que celles-ci auraient dû être activées pour abattre jusqu’à 91 drones ukrainiens. De plus, selon la même source, des drones lancés à partir de la frontière nord de l’Ukraine auraient dû traverser un espace aérien russe « fortement protégé » par de multiples installations de missiles stratégiques, des unités de défense aérienne, d’aviation militaire, ainsi que par d’autres moyens. L’Ukraine n’aurait donc pu atteindre la résidence de Vladimir Poutine que par « un miracle ou une négligence délibérée de l’armée russe », conclut-il.
« Le Kremlin pourrait avoir l’intention d’utiliser cette frappe présumée pour justifier son rejet de toute proposition de paix issue des récentes discussions bilatérales entre les Etats-Unis et l’Ukraine et multilatérales entre les Etats-Unis, l’Ukraine et l’Europe », analyse l’ISW.
Interrogé sur Fox News lundi soir, au lendemain de sa rencontre avec Donald Trump en Floride, Volodymyr Zelensky est revenu sur plusieurs points d’attention dans les négociations en cours, notamment la question des territoires, une question « difficile » sur laquelle les Etats-Unis essayent, selon lui, de trouver un compromis satisfaisant l’Ukraine comme la Russie.
« On ne peut pas juste se retirer de nos territoires, d’abord parce qu’on ne peut pas selon notre loi, mais aussi parce que 300 000 personnes vivent [dans les oblasts inclus dans les négociations], et on ne peut pas les perdre, et il y a aussi notre armée là bas », a détaillé le président ukrainien, précisant qu’un référendum auprès du peuple ukrainien serait nécessaire sur les questions de territoire.
Au sujet du Donbass, « nous avons proposé un compromis », ajoute-t-il, dans la forme d’une « zone économique libre ». Mais « si l’Ukraine se retire sur un certain nombre de kilomètres, la Russie devra elle aussi reculer d’un certain nombre [de kilomètres] », précise-t-il.
Quant à la volonté du président russe de trouver un compromis, Volodymyr Zelensky est clair : « Je n’ai pas confiance en Vladimir Poutine. » « Je pense que son but, c’est d’occuper tout notre territoire, tout notre pays. Et je veux vraiment entendre qu’il ne reviendra pas [si un accord est signé] », ajoute-t-il.
Les forces russes ont lancé vers l’Ukraine, au cours de la nuit de lundi à mardi, 60 drones d’attaque et deux missiles balistiques Iskander-M, a déclaré l’armée de l’air ukrainienne, ce matin.
Cette dernière affirme avoir abattu ou neutralisé 52 drones et un missile balistique, « dans le nord, le sud et l’est du pays », mais sans préciser dans quels oblasts exactement. « Des impacts de missiles balistiques et de huit drones d’attaque ont été enregistrés sur cinq sites », écrit également l’armée, mais sans donner plus de détails.
La région de Pokrovsk (📍), dans l’oblast de Donetsk, dans l’est du pays, a été particulièrement ciblée. Près d’un tiers des combats ont eu lieu dans cette zone, avec 43 assauts russes, selon l’armée ukrainienne.
L’état-major ukrainien rapporte également avoir subi 83 bombardements, au nord de Soumy (📍). Sur un autre front, situé plus au sud, au nord-est de Kharkiv (📍), les forces ukrainiennes ont recensé 12 tentatives d’avancées russes. L’armée ukrainienne fait également état de plusieurs attaques russes en direction de Kostiantynivka (📍) et de Lyman (📍), mais aussi de quelques-unes dans les directions de Koupiansk (📍) et de Sloviansk (📍).
A la frontière entre l’oblast de Donetsk et l’oblast de Dnipropetrovsk, l’état-major de l’armée ukrainienne assure que l’armée russe a essayé d’avancer à 13 reprises, dans plusieurs localités en direction d’Oleksandrivka (📍).
Dans le Sud, les Ukrainiens disent avoir fait face à 25 attaques russes en direction de Houliaïpole (📍) – une ville que la Russie affirme avoir conquis samedi, ce que l’Ukraine dément – et à deux attaques en direction d’Orikhiv (📍), ainsi qu’à deux autres en direction de Prydniprovske (📍).
« Vous savez qui m’en a parlé ? Le président Poutine, tôt ce matin. Il a dit qu’il avait été attaqué. Ce n’est pas bon », a déclaré le président américain aux journalistes au moment de recevoir le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, se disant « très en colère ».
« C’est une période délicate. Ce n’est pas le bon moment. C’est une chose d’attaquer parce qu’ils attaquent. C’est autre chose d’attaquer sa maison », a-t-il ajouté.
Lundi, lors d’une réunion – retransmise à la télévision selon l’agence Reuters – entre Vladimir Poutine, le ministre de la défense russe et les principaux responsables militaires du pays, le colonel général Mikhaïl Teplinski, commandant du groupe de forces russes du Dniepr, a dit que les forces russes se trouvaient à environ 15 kilomètres des faubourgs sud de la grande ville de Zaporijia.
« Nous comprenons et sommes conscients que l’ennemi qui vous fait directement face prépare sa défense de longue date, et nous savons combien la situation est difficile là-bas. Néanmoins, faites en sorte d’accomplir les tâches du groupe », a déclaré Vladimir Poutine. « Dans un avenir proche, il est nécessaire de poursuivre l’offensive, avec le groupe de l’Est, pour libérer Zaporijia », a-t-il ajouté.
La région de Zaporijia est l’une des quatre provinces ukrainiennes officiellement annexées par Moscou en 2022, même si elle n’est contrôlée aujourd’hui qu’à 75 % par l’armée russe.
« Le président Trump a conclu un entretien téléphonique positif avec le président Poutine au sujet de l’Ukraine », a annoncé sur X la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, au lendemain de la rencontre entre le président américain et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, en Floride.
« La Russie récidive, utilisant des déclarations dangereuses pour saper tous les résultats de nos efforts diplomatiques communs avec l’équipe du président Trump », a déclaré le dirigeant ukrainien sur les réseaux sociaux, après que Moscou a accusé l’Ukraine d’avoir lancé des drones contre la résidence de Vladimir Poutine.
« Poutine doit s’habituer à l’idée qu’il doit mettre fin à la guerre (…) et commencer à penser à rétablir la sécurité », a ajouté Volodymyr Zelensky.
Selon l’agence de presse russe Interfax, citée par le journal Ukraïnska Pravda, le ministère des affaires étrangères russes a affirmé que l’Ukraine avait mené, dans la nuit, une frappe de drone nocturne contre la résidence de Vladimir Poutine.
Selon Sergueï Lavrov, cette attaque présumée entraînerait une révision de la « position de négociation » de la Russie, qui, par ailleurs, répliquera à l’attaque, a prévenu le ministre russe.
Volodymyr Zelensky, qui a rencontré Donald Trump dimanche en Floride, a aussitôt dénoncé des « mensonges », estimant que Moscou préparait le terrain à une offensive contre des bâtiments gouvernementaux à Kiev.
Sergueï Lavrov, cité par Interfax, affirme encore que la résidence d’été a été visée dans la nuit de dimanche à lundi par 91 drones de longue portée. Il n’a pas précisé si Vladimir Poutine se trouvait dans le bâtiment au moment de l’attaque, selon l’agence de presse Reuters.
« De telles actions irresponsables ne resteront pas sans réponse », a souligné le ministre russe, dénonçant du « terrorisme d’Etat ». Il a ajouté que des cibles ukrainiennes avaient d’ores et déjà été déterminées par l’état-major russe pour des frappes de représailles.
Volodymyr Zelensky et des négociateurs ukrainiens se sont entretenus, aujourd’hui, par téléphone, avec l’envoyé américain Steve Witkoff, dans la foulée de l’entretien entre le président ukrainien et Donald Trump, sur les prochaines étapes des pourparlers pour mettre fin au conflit avec la Russie, a annoncé l’un des négociateurs, Rustem Umerov.
« Nous venons tout juste, en route vers l’Ukraine, de nous entretenir avec le représentant spécial du président américain, Steve Witkoff. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est aussi joint à l’appel », a écrit M. Umerov sur les réseaux sociaux, précisant que « le point-clé est de coordonner de nouveaux contacts et les prochaines étapes ».
Un homme de 46 ans a été tué et une femme de 49 ans a été blessée, dans des frappes des bombes aériennes guidées russes ont frappé la ville d’Orikhiv, dans l’oblast de Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine, a fait savoir le gouverneur, Ivan Fedorov, sur Telegram.
Vladimir Poutine a affirmé que les forces russes « avancent avec assurance » tout le long de la ligne de front en Ukraine, notamment dans les régions du Donbass, de Zaporijia et de Kherson.
Les troupes « avancent avec assurance, en perçant les défenses de l’ennemi. Les unités des forces armées ukrainiennes se replient partout, sur l’ensemble de la ligne de contact », a-t-il affirmé lors d’une réunion à propos de la situation sur le front ukrainien retransmise à la télévision, disant aussi que la prise de territoires dans le Donbass et dans les régions méridionales de Zaporijia et Kherson se déroule « conformément au plan ».
Ce message s’affichera sur l’autre appareil.
Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.
Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).
Comment ne plus voir ce message ?
En cliquant sur « » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
Vous ignorez qui est l’autre personne ? Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?
Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.
Si vous utilisez ce compte à plusieurs, créez un compte pour votre proche (inclus dans votre abonnement). Puis connectez-vous chacun avec vos identifiants. Sinon, cliquez sur « » et assurez-vous que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
Vous ignorez qui d’autre utilise ces identifiants ?
Si vous êtes bénéficiaire de l’abonnement, connectez-vous avec vos identifiants. Si vous êtes 3 ou plus à utiliser l’abonnement, passez à l’offre Famille. Sinon, cliquez sur « » et assurez-vous que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
Vous ignorez qui d’autre utilise ce compte ?
Si vous utilisez ce compte à plusieurs, passez à une offre multicomptes pour faire profiter vos proches de votre abonnement avec leur propre compte. Sinon, cliquez sur « » et assurez-vous que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.
Editorial Context & Insight
Original analysis & verification
Methodology
This article includes original analysis and synthesis from our editorial team, cross-referenced with primary sources to ensure depth and accuracy.
