L’actrice, qui était devenue une icône mondiale après la sortie de « Et Dieu… créa la femme » en 1956, est morte, à l’âge de 91 ans. De nombreux responsables politiques et associatifs ainsi que des figures du monde de la culture lui ont rendu hommage.
« Avec la disparition de Brigitte Bardot, la France perd aujourd’hui une personnalité hors norme, une icône, dont l’image, la voix et l’allure ont marqué durablement le cinéma et toute une époque », a réagi le maire de Nice, Christian Estrosi (Horizons), soulignant une disparition qui « résonne tout particulièrement » pour Nice et la Côte d’Azur.
« Ici, sur cette terre de création et de lumière qui a tant inspiré le 7ᵉ art, Brigitte Bardot était bien plus qu’une star : elle incarnait un esprit, une énergie, une part de l’âme azuréenne. Son passage aux Studios de la Victorine, lieu emblématique de notre histoire cinématographique, l’inscrit durablement dans la grande mémoire du cinéma niçois, dont nous sommes profondément attachés et fiers », poursuit le maire.
« Parce que Nice sait honorer celles et ceux qui ont marqué la culture, le cinéma et notre ville : le nom de Brigitte Bardot sera donné à un lieu emblématique de notre ville », annonce-t-il encore, sans préciser de quel lieu il s’agit.
Brigitte Bardot était une « grande actrice » et « une femme libre qui a marqué de son empreinte l’histoire de France », a salué dimanche Mireille Mathieu auprès de l’Agence France-Presse. « Brigitte Bardot est et restera la femme la plus belle du monde, dotée aussi de la beauté du cœur qui a courageusement voué sa vie aux animaux », a estimé la figure de la chanson française, 79 ans.
« B.B., deux initiales qui ont fait le tour du monde et qui ont fait de Brigitte l’icône et la légende du cinéma français, la grande actrice et la femme libre qui a marqué de son empreinte l’histoire de France », a poursuivi l’interprète d’Une femme amoureuse. « Et si Dieu a créé la Femme, il a aussi créé Brigitte Bardot », a-t-elle conclu, en référence au film de Roger Vadim qui avait révélé l’actrice en 1956.
Si Mireille Mathieu et Bardot – toutes deux incarnations de la Marianne républicaine – ne se sont jamais rencontrées, la chanteuse avait pu échanger avec elle au téléphone pour la première fois cet été. « J’ai enfin pu lui témoigner toute mon admiration et mon soutien », confiait-elle alors à Nice matin.
Pour Gabriel Attal, Brigitte Bardot était « cette icône, cette égérie, ce visage de la France qui a fait rêver le monde entier ». « Grande actrice, première personnalité à donner ses traits au buste de Marianne, défenseuse acharnée de la cause animale, elle a vécu mille vies – toujours avec la même passion et le même talent », a réagi l’ancien premier ministre sur le réseau social X.
Brigitte Bardot fut « une icône, une Marianne, 2 initiales qui firent le tour du monde B.B, une beauté insolente, une liberté totale », a écrit Aurore Bergé. « A Bazoches dans les Yvelines, elle restera celle qui dédia sa fortune, sa maison, ses souvenirs et le reste de sa vie à la défense des animaux. Elle en changea notre perception et nos lois », a ajouté la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes.
« Brigitte Bardot nous a profondément marqué par son talent, sa liberté et son engagement pour la cause animale », a déclaré l’ancienne première ministre, Elisabeth Borne.
« Le Mépris » (1963), c’est l’histoire d’un scénariste et de sa femme qui semblent former un couple uni mais un incident, apparemment anodin, avec un producteur, va la conduire à mépriser son mari.
B.B. partage avec Michel Piccoli l’affiche de ce film culte de Jean-Luc Godard, tourné à Rome et à Capri, dans la fabuleuse villa de l’écrivain italien Curzio Malaparte.
Les producteurs exigent, après avoir visionné un premier montage, de voir B.B. davantage déshabillée. Ce qui aboutira à la scène entrée dans la légende dans laquelle elle se dévoile dans le plus simple appareil, demandant à son partenaire : « Tu les trouves jolies, mes fesses ? », « Oui, très ».
Sa prestation demeure une de ses compositions les plus célèbres. Le film, interdit aux moins de 18 ans à sa sortie, fut en terme de spectateurs (235 000 en 1963) un succès à l’échelle de Godard, mais un échec à celle de Bardot.
L’actrice française Brigitte Bardot était « un ange pour les animaux » et « une porte-parole de toutes les espèces », a rendu hommage la fondatrice de l’association Peta, Ingrid Newkirk. « De ses pigeons sauvés à Saint-Tropez à ses chiens bien-aimés, Brigitte manquera à Peta », a écrit dans un communiqué la fondatrice de cette association de défense des animaux. Elle « s’est battue, y compris devant les tribunaux, pour protéger [tous les animaux] », a-t-elle poursuivi.
Dans le livre d’Ingrid Newkirk One Can Make a Difference (non traduit, publié en 2008), Brigitte Bardot avait raconté qu’elle avait vendu des bijoux et d’autres biens « pour créer un sanctuaire et défendre les animaux », relate aussi la fondatrice de Peta (People for the Ethical Treatment of Animals). Celle-ci appelle « le public à honorer sa mémoire en faisant aujourd’hui un geste pour les animaux, afin que les graines qu’elle a semées continuent de fleurir ».
Peta avait attribué un prix à Brigitte Bardot en 2001, pour sa mobilisation en faveur de la cause animale. La star avait aussi contribué à des campagnes de l’organisation, comme celle en 2013 pour que l’enseigne britannique Fortnum & Mason cesse de vendre du foie gras.
Dans « Et Dieu... créa la femme » (1956), pour la première fois au cinéma, une femme exprime son désir à l’égal d’un homme. Les ligues de vertu crient à l’époque au scandale, mais B.B. devient le modèle de nombreuses Françaises.
Dans la vie, B.B. affichera la même liberté que son personnage. « Brigitte Bardot n’est pas Simone de Beauvoir, mais avec son personnage libre, et libre de son corps, elle a parlé aux femmes de cette époque. B.B. a été l’un des signes forts dans une période d’ascétisme, avec la volonté de faire bouger les choses », estimait Françoise Picq, historienne du féminisme, au moment de l’anniversaire du film en 2016.
Soixante ans après sa sortie, Brigitte Bardot s’amusait encore du scandale provoqué dans les milieux conservateurs : « C’était rigolo parce qu’en fin de compte, il n’y a rien de choquant ! »
« Le mambo que je danse a été totalement improvisé. J’ai laissé libre cours à mon instinct. J’ai dansé comme j’en avais envie, envoûtée par la musique, c’est tout ! Ça vous épate hein ? », ajoutait B.B., assurant être restée indifférente au grand mouvement d’émancipation suscité par le film. « Je n’ai jamais eu l’esprit tarabiscoté, et j’ai adoré ce rôle écrit sur mesure pour moi, point barre ! »
« La condition animale est beaucoup plus préoccupante que la condition féminine », répondait l’actrice dans cette interview, soixante ans après le film. Quant au phénomène B.B. qui a suivi, « il m’est tombé dessus comme à Gravelotte ! », affirmait-elle. Le succès aussi : « On ne s’y attend jamais, car on doute toujours ».
Dans un portrait télévisé consacré à Roger Vadim, le réalisateur Olivier Nicklaus définissait le cinéaste comme le premier à avoir érigé l’hédonisme en vertu, à la scène comme à la ville. Vadim assurait avoir laissé B.B. « jouer avec ses défauts et ses qualités un personnage pas exactement le sien, mais correspondant à sa nature ».
« J’ai trouvé Vadim sublime de beauté, mais je n’aurais jamais pensé qu’il tomberait amoureux de moi. Tout ce que j’ai appris, je l’ai appris avec lui », confiait pour sa part l’actrice.
Femme affranchie, des codes moraux, vestimentaires, amoureux et sexuels et… de ce qu’on attendait d’elle, Brigitte Bardot n’avait « besoin de personne », comme lui faisait chanter Serge Gainsbourg en 1967, connue à Cannes comme sur les plages brésiliennes.
En 1961, elle enregistre son premier enregistrement, Sidonie aux paroles provocantes qu’elle chante dans le film Vie privée. La célèbre Madrague – « Coquillage et crustacés, sur la plage abandonnée… » – est produite en 1963.
Brigitte Bardot enregistre peu après les chansons Le Soleil, Harley-Davidson, Je t’aime… moi non plus – cette dernière en duo avec Serge Gainsbourg –, Comic strip et Everybody Loves My Baby.
Sur les conseils de son agent, elle demande à Serge Gainsbourg de ne pas diffuser Je t’aime… moi non plus et de la remplacer par un autre duo, Bonnie and Clyde, produite en 1967.
Dans le film Boulevard du rhum, de Robert Enrico, elle chante Plaisir d’amour en duo avec Guy Marchand.
En 1982, Brigitte Bardot enregistre, à l’égard des animaux, les titres Toutes les bêtes sont à aimer et La chasse. La parution de ce 45 tours, dont les droits sont attribués à sa fondation, met un terme à sa carrière artistique.
En 1986, dix-neuf ans après son enregistrement, elle accepte que Serge Gainsbourg sorte leur version restée inédite de Je t’aime… moi non plus, à la condition que les profits soient attribués à des associations pour la défense des animaux.
La préfecture du Var a salué « la mémoire de cette figure mythique du patrimoine culturel français et varois » et a appelé « chacun au respect de l’intimité de sa famille et de la sérénité des lieux où Brigitte Bardot a vécu et qu’elle a tant aimés ».
« Brigitte Bardot incarnait la liberté : celle de la femme, de son corps, de ses choix, celle d’une carrière sur laquelle elle aura toujours gardé la main », a déclaré, de son côté, le maire de Cannes, David Lisnard, dans un communiqué. « Partout où elle passait, [et notamment] à Cannes, pendant le Festival où elle fût révélée, elle déclenchait l’hystérie », a-t-il ajouté.
La Vérité (1960), c’est l’histoire d’une jeune fille, volontiers provocante, accusée du meurtre de son ancien amant. Au cours de son procès, l’histoire de sa relation avec la victime est reconstituée.
B. B. a développé dans ce drame une nouvelle facette de son jeu. Le tournage est pénible, le réalisateur Henri-Georges Clouzot pas commode. Pour B. B., il « semblait que se déroulait son propre procès », comme si on jugeait sa « mauvaise réputation » et sa « légèreté ».
L’actrice tente de se suicider peu après le tournage, comme son personnage le fait à la fin du film. Le film sera toutefois, selon elle, « le chef-d’œuvre de [sa] vie d’actrice ». Nommé aux Oscars 1961 à Hollywood, il attire 5 millions de spectateurs en France.
« Ainsi s’achève l’épopée de Brigitte Bardot, icône française absolue, née avec “Et Dieu… créa la femme” et immortalisée dans « Le Mépris » ou « La Vérité », a écrit sur X Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale.
« De ses rôles à l’écran à son engagement pour la cause animale, elle a imposé une figure de liberté singulière, devenue emblématique du rayonnement culturel français. Pensées à sa famille et ses proches. Au revoir, BB ! », a ajouté Mme Braun-Pivet.
Brigitte Bardot, première personnalité à avoir prêté ses traits au buste de Marianne, fut une sorte de Marilyn Monroe à la française, comme elle blonde, à la beauté explosive et à la vie privée tumultueuse, poursuivie par les paparazzi.
B.B., Marilyn, « je suis sûr que leur deux étoiles forment le plus beau duo du ciel », a salué Francis Huster, qui avait tourné avec Bardot en 1973, pour l’Agence France-Presse. Marilyn était « une femme qui a été exploitée, que personne n’a compris, qui en est morte du reste », se souvenait Bardot, qui l’avait rencontrée en 1956.
« Personne n’a mieux décrit Bardot que l’écrivain François Nourissier », a réagi l’ancien président du festival de Cannes, Gilles Jacob : « Un équilibre instable entre le caprice et la damnation ».
Dans une story Instagram, l’acteur Jean Dujardin a posté une photo en noir et blanc de l’actrice, avec un simple message : « #brigittebardot », accompagné d’un cœur et de deux mains qui prient.
La SPA rend hommage à Brigitte Bardot, « figure emblématique et passionnée de la cause animale ».
« Depuis les années 1970, puis à travers sa fondation créée dans les années 1980, elle a consacré sa vie à défendre ceux qui n’ont pas de voix », a réagi sur X la société protectrice des animaux. « Son engagement sans faille a permis de faire évoluer les consciences et d’obtenir de grandes avancées pour la protection animale », peut-on encore lire dans le message de la SPA.
Le député (LFI) et fondateur de la Révolution écologique pour le vivant, Aymeric Caron, a également rendu hommage à B. B. sur X : « Tristesse d’apprendre la disparition de Brigitte Bardot, qui fut une pionnière de la défense des animaux, au point d’abandonner sa carrière de superstar du cinéma pour y consacrer le reste de sa vie. »
« Aujourd’hui je laisse de côté les déclarations polémiques. Je ne retiens que son engagement précurseur », a ajouté Aymeric Caron.
Brigitte Bardot avait l’art de sublimer la simplicité : B. B. n’a cessé d’inspirer par son style décontracté des pieds à la tête, magnifiant des pièces simples comme la marinière ou les ballerines devenues grâce à elle cultes.
Outre ces intemporels du vestiaire féminin, le style Brigitte Bardot, c’est aussi des silhouettes à la fois sexy et émancipées, un mélange de masculin-féminin, de western et de glamour, plus que jamais dans l’air du temps.
Danseuse classique avant de devenir actrice et chanteuse mondialement connue, Brigitte Bardot avait l’habitude des chaussons de danse Repetto. En 1956, elle demande à la marque de lui fabriquer une ballerine aussi légère et agréable, mais plus seyante et sexy. Cette ballerine, baptisée Cendrillon, s’immortalise en rouge carmin dans Et Dieu… créa la femme, de Roger Vadim.
Grâce à elle, la ballerine est descendue dans la rue et s’est même invitée à Hollywood.
Dans les années 1960, les femmes se marient en blanc, mais B. B. casse les codes. En 1959, elle dit oui à l’acteur Jacques Charrier en robe vichy rose aux manches trois-quarts garnie de broderie anglaise. Le tout auréolé d’une crinière blonde volumineuse, sans aucun accessoire.
L’imprimé carreaux était jusque-là associé aux torchons de cuisine ou aux pots de confiture. « J’ai dessiné une robe qui me rappelait les petites bergères du XVIIIe siècle », a expliqué le créateur de la robe, Jacques Esterel, qui en a vendu des millions d’exemplaires dans le monde.
B. B. a aussi donné une renommée mondiale à la marinière, qu’elle a porté ample ou près du corps. C’est Jean-Luc Godard qui a habillé B. B. en marinière dans Le Mépris, en 1963. Elle y arbore également un bandeau, devenu son autre marque de fabrique.
L’actrice a également donné son nom à un décolleté qui dévoile les épaules et le haut du buste, parfois en forme de cœur : l’encolure Bardot.
À la fin des années 1960, B. B., en micro-robe de cuir et chaussée de cuissardes créées pour elle par Roger Vivier, chante qu’elle n’a « besoin de personne en Harley Davidson ».
Dans les années 1970 elle devient une adepte du style Cavalli qui ouvre sa boutique à Saint-Tropez où habitait l’actrice, avec son mélange de jean et de cuir et ses imprimés animaliers.
Cheveux détachés et ébouriffés, en chignon crêpé ou en choucroute, la coiffure, toujours volumineuse, de la star a été abondamment copiée. Elle a été parfois ornée d’un bandeau, pour mettre en valeur les yeux. L’actrice a mis à la mode le regard charbonneux en utilisant un eye-liner pour accentuer des yeux de biche.
Au cas où un extraterrestre n’aurait jamais entendu parler de Brigitte Bardot, actrice, danseuse, chanteuse, militante de la cause animale, voilà un documentaire, intitulé Bardot, qui fait tourner la boule à facettes, revisitant les multiples vies de la star née en 1934, à Paris. Le film sort en salle alors que la star âgée de 91 ans a fait un nouveau séjour à l’hôpital, tout en rassurant sur son état de santé, affirmant être « en convalescence » et appelant « tout le monde à se calmer », dans un communiqué publié dimanche 30 novembre.
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