Le président ukrainien a estimé que le déploiement de soldats étrangers serait une garantie de sécurité « réelle » pour dissuader la Russie de l’attaquer à nouveau. Après sa rencontre avec Donald Trump, il a annoncé que les Etats-Unis ont proposé à Kiev des garanties de sécurité « solides » pour quinze ans prolongeables.
Alors que la Russie a annoncé, samedi, avoir conquis la ville de Myrnohrad, au nord-est de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, l’état-major ukrainien a assuré que ce n’était pas le cas, quelques heures plus tard.
Selon l’unité de l’armée ukrainienne, « des unités des troupes aéroportées et de la marine sont impliquées dans la défense de la ville » et les forces de défense ukrainiennes « s’efforcent de renforcer le groupe pour contrer la pression de l’ennemi en provenance des directions nord-est et sud. Le contrôle du couloir dans la région de Svitle (📍) et Rivne (📍) permet d’accomplir cette tâche », poursuit-elle, assurant également que « l’ennemi a recours à des actions de propagande démonstratives dans les faubourgs sud de Myrnohrad ».
Le ministère de la défense russe a annoncé la conquête par son armée du village de Dibrova (📍), dans l’oblast de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine. Dibrova se trouve à quelques kilomètres au sud de Lyman et à l’est de Sloviansk, dans une région où la Russie pousse depuis plusieurs mois pour avancer.
Dans sa dernière mise à jour, la carte de DeepState montrait que la grande majorité de Dibrova était toujours sous contrôle ukrainien et que les forces russes étaient encore assez loin du village. De son côté, l’Institute for the Study of War (ISW) montrait également Dibrova sous large contrôle ukrainien, dans la dernière version de sa carte, publiée hier soir.
L’Ukraine n’a pas réagi pour l’heure, mais confirme rarement de telles annonces russes. Samedi, quelques heures après l’annonce par la Russie de la conquête de Myrnohrad et de Houliaïpolé, l’état-major ukrainien avait rejeté ces déclarations.
Le ministère de la défense russe a annoncé, ce matin, que « 135 000 personnes ont été convoquées et envoyées pour effectuer leur service militaire dans les forces armées de la Fédération de Russie et d’autres troupes et formations militaires ».
Le 29 septembre, Vladimir Poutine avait signé un décret ordonnant la conscription d’automne des citoyens âgés de 18 à 30 ans. Elle devait se dérouler du 1er octobre au 31 décembre.
Le 22 septembre, le chef adjoint de la direction principale de l’organisation et de la mobilisation de l’état-major, Vladimir Tsimlianski, avait assuré que les appelés de cette campagne ne seraient pas envoyés en Ukraine. Le ministère de la défense russe confirme ceci aujourd’hui, assurant que « les conscrits n’ont pas été envoyés dans les points de déploiement des unités des forces armées de la Fédération de Russie », que ce soit dans les oblasts que la Russie revendique, « ou pour participer à des tâches d’une opération militaire spéciale », l’euphémisme utilisé en Russie pour qualifier la guerre en cours en Ukraine.
Le ministère de la défense russe affirme, par ailleurs, que « les conscrits ayant effectué la durée fixée du service militaire ont été renvoyés à la vie civile et envoyés vers leur lieu de résidence ». Lors de la conscription de l’automne 2024, 133 000 hommes ont été appelés au service militaire, tandis qu’au printemps 2025, 160 000 hommes avaient été appelés sous les drapeaux.
Riche bassin minier traversé par la rivière Donets, le Donbass s’étend sur deux oblasts : Donetsk et Louhansk. Depuis les offensives russes de 2014 et 2022, 80 % du territoire est occupé par Moscou, qui le convoite sans partage.
Le seul Donbass aujourd’hui accessible se réduit à la partie de l’oblast de Donetsk sous contrôle ukrainien : les villes de Kramatorsk, Sloviansk et quelques villages. Le Monde s’est rendu dans cette région de l’Est ukrainien, qui résiste tant bien que mal aux forces russes.
Les deux premières localités sont situées au nord-est de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, où l’armée russe avance peu à peu depuis plusieurs mois. On peut voir la pince formée par les avancées se refermer sur plusieurs localités, tandis que la Russie continue de pousser dans plusieurs directions. Samedi, la Russie avait affirmé avoir conquis Myrnohrad, ce que l’Ukraine a démenti. Selon la carte de DeepState, toute la ville n’est pas actuellement sous contrôle russe, mais la Russie pousse vers le nord, pour continuer l’encerclement de la localité.
Dans les environs de Filiïa, un peu plus au sud, à la frontière entre les oblasts de Donetsk et Dnipropetosvk, les Russes poussent vers le nord, en direction de Novopavlivka, mais aussi vers l’ouest, selon la dernière mise à jour de la carte du front réalisée par DeepState.
Enfin, près d’Houliaïpole, dans l’oblast de Zaporijia, dans le sud du pays, les analystes ukrainiens rapportent une nouvelle poussée en direction de cette ville que la Russie affirme avoir conquise, samedi. De leur côté, les Ukrainiens ont déclaré, hier, que ce n’était toujours pas le cas même si la situation y est « très difficile ». La carte de DeepState ne montre cependant pas un contrôle complet de la Russie dans cette zone.
Volodymyr Zelensky a estimé que le déploiement dans son pays de troupes étrangères serait une garantie de sécurité nécessaire et « réelle » pour dissuader la Russie de l’attaquer à nouveau.
« Pour être honnête, oui », a répondu le président ukrainien lors d’une conférence de presse en ligne, interrogé sur le fait de savoir s’il considérait cette option comme nécessaire. « Je crois que la présence de troupes internationales constitue une réelle garantie de sécurité, un renforcement des garanties de sécurité que nos partenaires nous offrent déjà », a-t-il ajouté.
Volodymyr Zelensky a estimé que les actes de Vladimir Poutine en Ukraine, où se poursuivent bombardements et destructions, ne correspondent pas aux propos « pacifiques » tenus auprès de son homologue américain Donald Trump.
« D’un côté, il dit au président des Etats-Unis qu’il veut mettre fin à la guerre », a dit le président ukrainien lors d’une conférence de presse en ligne. « De l’autre, il communique ouvertement dans les médias sur le fait qu’il veut poursuivre la guerre – il nous frappe avec des missiles, en parle ouvertement, célèbre la destruction des infrastructures civiles, donne des instructions à ses généraux sur les lieux où avancer (…). Ces actions ne correspondent pas à la rhétorique soi-disant pacifique qu’il emploie dans ses entretiens avec le président des Etats-Unis », a-t-il conclu.
« Deux questions demeurent : la centrale nucléaire de Zaporijia – comment fonctionnera-t-elle – et le problème des territoires. Ce sont les deux questions qui restent dans le document en 20 points », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse en ligne, ajoutant qu’il « n’y a pas d’accord » sur ces deux points.
« Les menaçant avec leurs armes, les occupants [les soldats russes] ont forcé l’un d’eux à se dévêtir partiellement avant de tirer sur les deux soldats non armés. Après avoir constaté leur mort, ils ont retiré les vêtements du deuxième soldat qui venait d’être tué », écrit le bureau du procureur dans un message publié sur Facebook, accompagné d’une photo de mauvaise qualité qui semble montrer deux hommes à terre.
Le bureau du procureur de Donetsk rappelle, par ailleurs, que « l’assassinat délibéré de prisonniers de guerre est une violation flagrante des conventions de Genève ».
« Bien sûr », a répondu le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, interrogé pour savoir si la Russie partageait l’avis du président américain qui a estimé, hier, être plus près que jamais d’un accord pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Donald Trump s’était exprimé après une rencontre en Floride avec Volodymyr Zelensky et un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine.
L’Ukraine lèvera la loi martiale, qui interdit notamment aux hommes ukrainiens mobilisables de quitter le pays, uniquement après la fin de la guerre avec la Russie et après avoir obtenu des garanties de sécurité, a affirmé Volodymyr Zelensky.
« Nous voulons tous que la guerre se termine et c’est seulement à ce moment-là que la loi martiale sera levée. Cependant, la levée de la loi martiale interviendra quand l’Ukraine obtiendra des garanties de sécurité. Sans garanties de sécurité, cette guerre ne peut pas être considérée comme pleinement terminée », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse en ligne.
« Dans les prochains jours, nous voulons organiser une rencontre au niveau des conseillers. Rustem Umerov [le négociateur ukrainien] est déjà en contact avec tous les conseillers américains et européens. Nous voulons que cette rencontre se tienne enfin en Ukraine, et je crois que nous allons faire tout ce qui est possible pour cela », a déclaré le président ukrainien lors d’une conférence de presse en ligne.
Les Etats-Unis ont proposé à l’Ukraine des garanties de sécurité « solides » pour une période de quinze ans prolongeable face à la Russie, a fait savoir Volodymyr Zelensky, ajoutant avoir demandé une durée plus étendue lors de sa rencontre avec Donald Trump, hier.
« Je voulais vraiment que ces garanties soient plus longues. Et je lui ai dit que nous voulions vraiment considérer la possibilité de trente, quarante, cinquante ans », a déclaré le président ukrainien lors d’une conférence de presse en ligne, précisant que son homologue américain lui avait assuré qu’il allait réfléchir à cette possibilité.
Sur ces 89 drones, plus de la moitié (49) ont été abattus au-dessus de l’oblast de Briansk, frontalier de l’Ukraine, et 18 autres au-dessus de l’oblast de Novgorod, un peu plus au nord. Les Russes signalent également que plusieurs drones ukrainiens ont survolé le kraï de Krasnodar, au bord de la mer Noire, et la république des Adyghéens, un territoire enclavé dans le kraï de Krasnodar.
Le ministère de la défense russe ne fait cependant pas part de dégâts causés par ces drones.
« Le théâtre dramatique russe de Marioupol a rouvert ses portes aux spectateurs », s’est félicité sur Telegram Denis Pouchiline, le chef de la république autoproclamée de Donetsk, dont Marioupol fait partie.
« La mise en œuvre du projet de reconstruction du bâtiment a pris trois ans », qui a retrouvé son « image historique » avec une façade ornée de sculptures, et offre « un équipement moderne du plus haut niveau », a ajouté M. Pouchiline.
La Russie contrôle cette cité balnéaire traditionnellement russophone, sur les rives de la mer d’Azov, depuis mai 2022. Une conquête obtenue après un siège qui a fait 22 000 morts civils d’après la municipalité ukrainienne en exil de Marioupol, et détruit ou endommagé 90 % des bâtiments résidentiels, selon l’Organisation des nations unies.
Selon l’ONG Amnesty International, le bombardement du théâtre de Marioupol en mars 2022, dont la Russie et l’Ukraine s’accusent mutuellement, avait tué « au moins une douzaine de personnes ».
Les forces russes ont attaqué l’Ukraine, dans la nuit de dimanche à lundi, avec 25 drones de type Shahed et Guerbera lancés des régions d’Oriol, de Millerovo, de Hvardiïske (Crimée), de Donetsk, « dont environ 15 étaient des munitions rôdeuses », précise l’armée de l’air, qui fait savoir que l’attaque est toujours en cours.
Dans son rapport quotidien publié sur Facebook, l’état-major ukrainien affirme que 209 affrontements ont eu lieu dimanche entre forces russes et ukrainiennes et précise que la Russie a mené 50 frappes aériennes, larguant 128 bombes guidées. « L’ennemi a effectué 3 436 tirs, dont 89 à partir de lance-roquettes multiples, et a utilisé 4 412 drones-kamikazes », ajoute-t-il.
Un quart des affrontements ont eu lieu dans la région de Pokrovsk (📍), avec 52 assauts russes stoppés, selon la même source. L’état-major ukrainien affirme également avoir enregistré 22 attaques russes dans la direction d’Oleksandrivka (📍). Les forces ukrainiennes disent avoir repoussé, par ailleurs, 19 assauts russes en direction de Houliaïpole (📍) et ont également comptabilisé 26 attaques russes en direction de Kostiantynivka (📍).
Par Nicolas Chapuis, Claire Gatinois, Thomas d’Istria
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