Les représentants des quatre principales organisations agricoles ont été reçus par Sébastien Lecornu vendredi pour parler de la vaccination des bovins et de l’accord entre l’UE et le Mercosur.
Les forces de l’ordre ont procédé au déblocage « dans le calme » d’un barrage d’agriculteurs sur l’A20 à hauteur de Brive-la-Gaillarde, a appris l’Agence France-Presse (AFP), auprès de la préfecture et de la Coordination rurale de Corrèze (CR19), qui compte lever aussi un barrage sur l’A89.
« Vendredi à 14 heures, la gendarmerie nationale a procédé au déblocage du barrage érigé par les agriculteurs » sur l’A20, a fait savoir la préfecture de Tulle dans un communiqué. « Cette opération s’est effectuée dans le calme et sans incident », et l’autoroute sera rouverte après « viabilisation de la chaussée ».
« On a fait venir [les gendarmes] et on leur a expliqué notre point de vue, que de taper sur des paysans, de taper sur les gens qui nous nourrissent, ce n’est pas beau quand même », a déclaré Alexandre Clare, président de la CR19, à l’AFP. Face aux sommations d’usage, la centaine d’agriculteurs a « chanté La Marseillaise » puis « est partie », selon le responsable, qui précise que les manifestants présents sur l’A89 à hauteur d’Ussel « vont partir » également face au déploiement des forces de l’ordre.
Un autre barrage sur l’A20, situé dans le Lot au niveau de Cahors, avait été levé un peu plus tôt.
En revanche, la Coordination rurale de Gironde a annoncé à l’AFP maintenir à ce stade le blocage de l’A63 à Cestas, au sud de Bordeaux, en dépit des nombreux appels, dont celui de la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, à une « trêve de Noël ». D’autres barrages restaient en vigueur à la mi-journée, notamment sur l’A64 entre Bayonne et Toulouse.
Après avoir manifesté et déversé des tonnes de patates, choux, fumier, branchages et pneus devant la villa d’Emmanuel et Brigitte Macron au Touquet (Pas-de-Calais), quelques dizaines d’agriculteurs ont levé le camp vendredi après-midi, a constaté un correspondant de l’Agence France-Presse.
Ils sont repartis avec leurs tracteurs et leurs bennes vides dans un concert de klaxons vers 14 h 45. Leur action symbolique, qui s’est déroulée dans le calme, avait commencé au petit matin.
Le maire de la ville, Daniel Fasquelle (Les Républicains), qui a rencontré les manifestants, a assuré les soutenir « face au Mercosur ». Les Hauts-de-France sont une région d’élevage et « l’on sait très bien que » dans le cadre de cet accord, les filières d’élevage « souffriraient particulièrement », a déclaré M. Fasquelle à l’AFP.
Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne, s’est exprimé à la sortie de sa réunion avec le premier ministre, Sébastien Lecornu, à Matignon : « On a été un peu surpris de la composition de la table puisqu’il y avait aussi le ministre chargé des affaires européennes [Benjamin Haddad], ce qui prouve que l’enjeu n’est pas uniquement (...) sanitaire, mais aussi économique. »
« Ce qui nous motive est de protéger les troupeaux, les paysans et les paysannes, a glissé Stéphane Galais, avant d’ajouter : La colère ne se calmera pas s’ils n’ont pas cette priorité. » Le représentant de la Confédération paysanne, dernière organisation agricole reçue à Matignon, a toutefois senti « quelques ouvertures », notamment sur la vaccination des « petites races » de bovins, afin de « sauver le patrimoine génétique ».
Interrogé par les journalistes sur la mobilisation des agriculteurs, M. Galais, « déçu » de cette rencontre, estime qu’il ne « peut pas lever les blocages » faute d’avancée concrète sur « l’accessibilité à la vaccination ».
La Confédération générale des planteurs de betteraves, qui met en avant l’usage de produits phytosanitaires utilisés au Brésil et interdits en Europe, rejette fermement l’accord UE-Mercosur. A l’inverse, la filière laitière est favorable à la signature de ce traité.
La Commission européenne voudrait signer l’accord commercial avec les pays du Mercosur le 12 janvier au Paraguay, ont indiqué des sources européennes à l’Agence France-Presse vendredi, après le report concédé la veille.
Une source au sein de la Commission et deux diplomates ont indiqué que la nouvelle échéance visée est désormais le 12 janvier au Paraguay, confirmant ainsi une information du média spécialisé Euractiv.
« On ne demande plus si [l’accord sera signé] mais quand il le sera », a déclaré plus tôt dans la journée le porte-parole adjoint du gouvernement, Sebastian Hille, lors d’un point presse.
L’A64 entre Bayonne et Toulouse, l’A63 près de Bordeaux, l’A20 à hauteur de Brive et l’A89 près de Périgueux et Ussel continuent d’être occupées, selon Vinci Autoroutes, qui note que le Sud-Ouest « reste la zone la plus fortement impactée » de son réseau. A la veille d’un week-end qui devrait être marqué par des départs en vacances, la circulation a repris sur l’A20 au niveau de Cahors vendredi matin mais un blocage subsiste sur cet axe près de Brive-la-Gaillarde.
Les perturbations devraient également se poursuivre sur l’A64. « La préfecture nous a demandé de libérer une voie dans le sens Tarbes-Toulouse, mais on a refusé pour des raisons de sécurité, on ne veut pas qu’il y ait un accident comme [en 2024, à Pamiers] en Ariège », lorsqu’une agricultrice et sa fille avaient été mortellement fauchées par un automobiliste ayant forcé le barrage, a dit à l’AFP Benjamin Asna, un des piliers de la mobilisation à Carbonne (Haute-Garonne).
« On tient le barrage et on ne change pas de ligne », a-t-il martelé, ajoutant : « On n’a aucune réponse du gouvernement à nos demandes, même pas l’ouverture de discussions. »
A la sortie de sa réunion à Matignon, le président de la Coordination rurale (CR), Bertrand Venteau, a pointé du doigt les conseillers du premier ministre, notamment sur la question des contrôles dans le cadre de l’accord UE-Mercosur.
« On souhaite une sortie de crise mais on ne lâchera pas sur le fait qu’on doit trouver une solution rapidement, début janvier », a-t-il ajouté, appelant à l’arrêt de l’abattage des « troupeaux sains ». « Le premier ministre a une envie mais on ne sait pas si elle ira jusqu’au bout », a expliqué Bertrand Venteau.
Interrogé sur la mobilisation des agriculteurs, il a botté en touche : « Chaque CR départementale est autonome donc je ne peux pas les arrêter », préférant appeler « tous les acteurs économiques à faire pression sur le premier ministre » car la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, est « dépassée ».
« On va appeler à la bienveillance. Ces fêtes de fin d’année sont importantes. Il faut qu’ils aillent se reposer pour retrouver leurs familles, tout en étant respectueux des concitoyens, pour continuer à agir dans les départements », a conclu Bertrand Venteau.
Devant la villa du président français, Emmanuel Macron, au Touquet (Pas-de-Calais), la mobilisation d’agriculteurs se poursuit, à l’appel de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Selon des images retransmises par BFM-TV, des policiers sont présents et font face à un tracteur qui déverse des déchets.
Selon Vinci Autoroutes, qui a mis à jour la situation du réseau autoroutier à 13 heures vendredi, voici les principaux axes routiers perturbés : Alors que les agriculteurs protestent contre la gestion de l’épidémie, la sociologue Jocelyne Porcher explique, dans une tribune au Monde, que loin du simple rouage qu’elle représente pour l’industrie de la viande, la vache est l’animal qui porte l’identité, le travail, la famille d’un éleveur.
Nos concitoyens sont actuellement confrontés, notamment sur les réseaux sociaux, à des images de vaches mortes, de corps entassés dans des cours de ferme, puis chargés dans des bennes comme des voitures à la casse ou à des images de jeunes veaux appelant leur mère avant d’être brutalement poussés dans des bétaillères, alors même qu’ils tiennent à peine sur leurs pattes. Dans des fermes cernées par des camions de gendarmes, voire de blindés Centaure, survolées par des drones, dans les beuglements des vaches, les cris et les pleurs, les gaz lacrymogènes, parfois même les tirs de LBD, et alors que, peu à peu, la violence des forces de l’ordre permet de prendre « le contrôle de la ferme », des vétérinaires, conformément aux injonctions de leur ordre – sous peine de radiation –, font leur office et dispensent tir de matador et injections létales à des bêtes en état de choc.
Le président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne (CR47), José Pérez, a appelé, vendredi à Agen, les agriculteurs à passer Noël en famille. « Demain c’est Noël, je crois qu’on doit le passer avec nos familles, avec nos enfants qu’on ne voit pas beaucoup », a déclaré José Pérez, vice-président du deuxième syndicat agricole au niveau national, dont le Lot-et-Garonne est le fief historique.
« Préparez-vous, reposez-vous un peu. On va repartir si rien ne se passe. Demain, il suffit d’un coup de fil et on se retrouve à 1 000 tracteurs à Paris », a ajouté M. Pérez, aux centaines d’agriculteurs rassemblés devant la préfecture du département.
« Chacun dans son département fera ce qu’il voudra, mais on a besoin d’un peu de repos pour repartir plus fort en janvier », a-t-il précisé ultérieurement à l’Agence France-Presse, expliquant « préparer une grosse action », citant l’idée « d’encercler Paris », « si rien ne se passe d’ici le 5 janvier ». Plusieurs centaines d’agriculteurs, représentants de l’agro-alimentaire, élus locaux et sympathisants brandissant des drapeaux de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne se sont réunis pour lancer « un appel à l’aide du monde agricole ».
Si les filières bovine et de volaille, les producteurs de betteraves, de sucre et d’éthanol ainsi que les céréaliers redoutent une concurrence renforcée des pays du Mercosur, la filière laitière et les producteurs de vin et de spiritueux profiteraient, eux, de l’ouverture plus large du marché brésilien.
Le gouvernement allemand a jugé vendredi que la signature de l’accord commercial entre l’UE et les pays du Mercosur était acquise. Il réagissait au report à janvier annoncé lors du sommet des Vingt-Sept.
Après la mise en place de zones de vaccination et d’un cordon sanitaire en Occitanie, c’est en Aveyron que monte l’inquiétude. Avec 500 000 bovins recensés, le département détient le plus gros cheptel bovin de la région, dont la moitié de race aubrac.
Habituellement, il faut environ une heure et demie, en voiture, pour relier Toulouse en Haute-Garonne, et Rodez, préfecture de l’Aveyron, via Albi, dans le Tarn. Mais sur l’A68, puis la RN 88, qui sillonne l’Aveyron, la route est devenue chaotique depuis l’apparition en Occitanie de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Les barrages d’agriculteurs en colère ont fleuri.
Les représentants des pays du Mercosur sont réunis à partir de vendredi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu (sud), après le report de la signature de l’accord de libre-échange entre ce bloc sud-américain et l’Union européenne.
L’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay espéraient initialement parapher le traité samedi, tout comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Mais cette signature a finalement été reportée à janvier, face à la grogne des agriculteurs européens, notamment en France et en Italie.
Jeudi, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a affirmé en conférence de presse que la première ministre italienne, Giorgia Meloni, lui avait demandé de la « patience » lors d’un échange téléphonique.
Les principaux blocages du Sud-Ouest étaient encore en cours vendredi matin. A Agen, des dizaines de mannequins en combinaison et bottes ont été pendus aux arbres pour symboliser le suicide des agriculteurs devant la préfecture du Lot-et-Garonne, où 300 personnes se sont rassemblées à l’appel de la Coordination rurale.
Jeudi, le ministère de l’intérieur dénombrait 110 actions en cours mobilisant 5 000 personnes, contre 80 actions mercredi, 75 mardi, 45 lundi et 27 dimanche.
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