Le président français estime qu’il est « trop tôt » pour dire si Paris pourra accepter le mois prochain l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, malgré la forte opposition des agriculteurs et partis politiques français.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affiché sa confiance vendredi dans l’obtention du soutien nécessaire pour que l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur soit signé en janvier, alors qu’il devait être paraphé samedi.
« Je suis confiante dans le fait que nous ayons la majorité nécessaire », a déclaré la cheffe de l’exécutif européen lors d’une conférence de presse.
Le président français estime qu’il est « trop tôt » pour dire si la France pourra accepter en janvier l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, malgré la forte opposition des agriculteurs et partis politiques français.
« Trop tôt pour vous le dire, je ne sais pas », a répondu Emmanuel Macron à la presse à l’issue du sommet européen à Bruxelles. « Je l’espère, parce que ça veut dire qu’on aura obtenu des avancées, pour certaines qui seront des avancées historiques », a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron s’est félicité, dans la nuit de jeudi à vendredi, du report de toute décision sur l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, demandant que les « avancées » réclamées par la France se concrétisent afin que « le texte change de nature », avec davantage de garanties pour les agriculteurs.
« Avec l’Italie, la Pologne, l’Irlande et plusieurs autres partenaires, nous avons demandé en parallèle que la Commission apporte des garanties sur le maintien des revenus de nos agriculteurs dans la future PAC [politique agricole commune] du prochain budget pluriannuel de l’Union », a dit le président français devant la presse.
Dans la soirée de jeudi, une douzaine d’agriculteurs de la Coordination rurale ont aspergé de sang animal l’une des façades de la préfecture du Tarn-et-Garonne à Montauban, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. Le liquide d’un rouge sombre, à l’odeur fétide, s’est ensuite écoulé le long du trottoir en un petit torrent.
Au volant de cinq tracteurs, dont un tirant une citerne contenant selon eux un millier de litres de sang, ils ont ensuite réservé le même sort aux locaux de la mutualité sociale agricole (MSA), à Montauban également, y déversant aussi ordures et fumier.
Par ailleurs, les grands axes d’Occitanie restent fortement touchés par les manifestations, selon Vinci Autoroutes, même si l’A61 entre Narbonne et Toulouse, bloquée occupée par des agriculteurs depuis mardi, a rouvert en fin d’après-midi.
Le campement installé sur l’A20, au sud de Cahors, a lui été évacué en soirée, selon la préfète du Lot, Claire Raulin, mais la circulation ne devrait pas y être rétablie avant vendredi matin au plus tôt.
Le premier syndicat agricole français, la FNSEA, estime que le report à janvier de la signature de l’accord commercial avec le Mercosur, annoncé un peu plus tôt par Ursula von der Leyen, « n’est pas suffisant », et appelle les agriculteurs adhérents à rester « mobilisés ».
L’annonce du report de la signature de l’accord UE-Mercosur en janvier est un « revirement inattendu » de la Commission européenne, mais « ce n’est pas suffisant », estime l’organisation majoritaire française sur le réseau social X : « Pour la FNSEA, le Mercosur, c’est toujours NON ! Alors pour un échec et mat du Mercosur, restons mobilisés. »
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé aux dirigeants des 27 pays de l’Union européenne réunis à Bruxelles que l’accord commercial avec le Mercosur ne serait pas signé comme prévu samedi et qu’il faudrait attendre le mois prochain, ont déclaré deux diplomates européens au site Politico et des sources diplomatiques auprès de l’Agence France-Presse.
Ursula von der Leyen espérait parapher ce traité de libre-échange samedi, lors du sommet du Mercosur dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle avait besoin, au préalable, de l’aval d’une majorité qualifiée d’Etats membres à Bruxelles, ce qu’elle n’a pas obtenu, en raison en particulier de l’opposition de la France et de l’Italie. Ce report offre donc un répit de courte durée à la France – touchée aussi par la crise de la dermatose nodulaire contagieuse –, qui ne cesse de marteler que l’accord n’est pas acceptable en l’état.
Vendredi matin, le premier ministre recevra à partir de 8 h 30 des représentants des Jeunes Agriculteurs (JA), puis à partir de 9 h 45 des représentants de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), suivis à 11 heures par des représentants de la Coordination Rurale et à 12 h 15 de représentants de la Confédération paysanne.
Face à la colère des agriculteurs en Occitanie, la ministre de l’agriculture, Annie Genevard annonce, jeudi, dans un entretien au quotidien La Dépêche, l’accélération de la vaccination contre la dermatose nodulaire bovine.
Quelque 900 000 doses ont été acheminées, dont 400 000 apportées des Pays-Bas par l’armée, pour vacciner 750 000 bovins « dans un délai extrêmement court », a indiqué la ministre, évoquant une situation sanitaire « exceptionnelle ». « La vaccination sera accélérée, que ce soit dans la zone réglementée, ou dans le cordon sanitaire que nous avons tracé pour tenir compte des spécificités locales », explique-t-elle. Elle ajoute que les opérations ont débuté le week-end dernier, avec pour objectif notamment de vacciner les 1 000 fermes de l’Ariège d’ici au 31 décembre.
Annie Genevard a assuré que la France ne connaissait « à ce jour aucun foyer actif », évoquant quatre cas confirmés récemment dans plusieurs départements du Sud-Ouest.
Pour répondre aux inquiétudes liées aux abattages de troupeaux, une cellule de dialogue scientifique réunissant les organisations agricoles régionales et les organismes vétérinaires a été installée afin d’examiner d’éventuelles autres options.
Au-delà de l’urgence sanitaire, la ministre rappelle que la contestation agricole porte également sur plusieurs dossiers européens. Annie Genevard détaille : « L’accord [Mercosur] tel quel est un mauvais accord. Le président de la République l’a encore rappelé, ce jeudi à Bruxelles : le compte n’y est pas. Sans clauses de sauvegarde solides, sans contrôles renforcés, sans mesures miroirs, ce n’est pas possible. La France dira non. » Concernant la PAC, « nous voulons un budget non diminué, c’est-à-dire 65 milliards d’euros garantis, et un caractère communautaire préservé ». Elle joute que « la taxe sur les engrais, quant à elle, doit être neutralisée et, si possible, reportées. Elle ne peut pas s’appliquer au 1er janvier 2026 ». Enfin, elle appelle à « une forme de trêve » avant Noël, invoquant un « devoir de solidarité » : « Beaucoup de travailleurs modestes, y compris des agriculteurs, qui parfois travaillent au cours de la saison d’hiver dans les stations de ski, ont besoin de travailler en cette période. »
A Carbonne, sur la bretelle d’autoroute de l’A64, les Ultras sont partis pour y rester. Au lendemain d’une soirée spéciale organisée sur place par BFM-TV, la mobilisation se poursuit et une quarantaine de personnes se relaient autour des barnums ou des sapins de Noël. Pour Bertrand Loup, vice-président de la chambre d’agriculture de Haute-Garonne, et du mouvement né ici même à l’hiver 2024 : « On reste là tant qu’on n’a pas de réponses à nos demandes sur la dermatose, mais aussi le prix des engrais, l’accès à des réserves d’eau, tout ce qui concerne l’ensemble de la profession. » Alors que vendredi devraient être reçus à Matignon l’ensemble des leaders syndicaux agricoles, Jérome Bayle, leader du mouvement des Ultras de l’A64, n’a pas été convié.
La veille, le curé de Cazères, un village voisin, a proposé de venir célébrer la messe de Noël si le blocage d’environ 100 tracteurs se poursuit. Il faudra attendre l’aval de l’évêché pour organiser une telle « opération ».
Cet après-midi, sous le pont désormais célèbre de l’autoroute, des voisins et des curieux viennent soutenir le mouvement. « C’est bien ce que vous faites, superboulot, continuez et dans le calme. Et bloquez les départs en vacances. En France, ceux qui prennent des vacances sont des privilégiés », lance un retraité venu boire un café.
Dans les Pyrénées justement, les stations de ski commencent à s’inquiéter d’un éventuel blocage des routes ce week-end. « A aujourd’hui [jeudi], nous n’avons pas eu d’annulation. La clientèle, comme nous, attend un dénouement heureux », déclare à La Dépêche du Midi Laurent Garcia, directeur de la station de Peyragudes et président de la section Pyrénées de Domaines skiables de France.
Philippe Gagnebet (Toulouse, correspondant)
En début de soirée, le calme semble revenu dans la capitale belge, après que des heurts se sont produits entre des agriculteurs et les forces de l’ordre. Plusieurs manifestants – sans que l’on sache le nombre exact – ont été interpellés. Le média belge Le Soir précise que « la majorité des tunnels bruxellois » ont été rouverts ce jeudi soir.
Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a déclaré jeudi qu’il se ferait le messager, lors du sommet du Mercosur, samedi, d’une demande de la première ministre italienne, Giorgia Meloni, de repousser la signature de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne.
Le bloc sud-américain (Brésil, Uruguay, Paraguay, Argentine) se réunira dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu avec l’espoir de signer le traité, objet de fortes réticences notamment de la part de la France et de l’Italie.
Mme Meloni « m’a dit que si nous pouvions avoir de la patience une semaine, dix jours, un mois, l’Italie soutiendra l’accord », a déclaré Lula en relatant un entretien téléphonique jeudi avec la dirigeante italienne, dont il transmettra la demande au Mercosur pour que celui-ci « décide quoi faire ».
Selon la presse belge, « des pierres et des feux d’artifice ont été lancés sur le bâtiment Station Europe et vers l’esplanade Solidarnosc ». Les agriculteurs européens espèrent une dizaine de milliers de manifestants dans la capitale belge pour s’opposer à l’accord de libre-échange entre l’UE et des pays du Mercosur.
Des vidéos et des photos d’agence confirment que quelques manifestants ont été blessés lors d’échauffourées avec la police à la fin de la manifestation à Bruxelles. Des heurts se sont aussi produits dans les rues proches du Parlement européen et quelques manifestants ont été arrêtés.
Une banderole appelant au « Frexit », brandie par un groupe de paysans français a suscité un début de polémique. Des syndicalistes, français également, les ont invités à la retirer. « Pas de politique ici ! », criaient-ils.
L’agence Belga précise que « la police a chargé au moins trois fois autour de la place du Luxembourg afin de disperser le noyau dur des manifestants ».
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)
Selon Ici Pays d’Auvergne, la Coordination rurale appelle à la mobilisation, vendredi, dans l’Allier, dans le secteur de Moulins, pour protester notamment contre la gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire. La circulation s’annonce perturbée. Le rendez-vous est donné à 9 heures au rond-point de l’aire du Bourbonnais, sur la nationale 7, précise l’antenne locale.
De son côté, Ic Touraine annonce une nouvelle mobilisation de la Coordination rurale 37 et des Jeunes Agriculteurs en Indre-et-Loire, notamment du côté de Noyant-de-Touraine et Château-Renault.
La manifestation de Bruxelles était organisée par le lobby agricole Copa-Cogeca. Ses membres français sont la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), la Confédération nationale de la mutualité, de la coopération et du crédit agricoles (CNMCCA) et l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA).
Copa-Cogeca attendait jusqu’à 10 000 personnes à Bruxelles, dont un contingent de 4 000 Français, mais aussi des représentants des 27 pays membres de l’UE, avaient annoncé mardi à la presse des dirigeants de l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs (JA).
Selon le live de la RTBF, la place du Luxembourg, à Bruxelles, est en train de se vider, il ne reste plus que quelques tracteurs tout autour et les agriculteurs reprennent la route. Le site ajoute que quelque 400 tracteurs sont en train de quitter Bruxelles en vue de bloquer le ring à la hauteur de Hal, en direction du Hainaut
Selon un pointage diffusé par la police bruxelloise, 7 300 personnes ont pris part à la manifestation autorisée qui a défilé dans la capitale belge, accompagnée d’une cinquantaine de tracteurs, principalement dans le calme. En outre, 950 tracteurs, selon la même source, s’étaient massés dans le quartier européen, engorgeant plusieurs rues.
Dès la matinée, la police a usé de canons à eau pour disperser certains manifestants, et des feux de pneus ou de poubelles avaient émaillé la manifestation, rejetant des panaches d’une fumée âcre et noire. Des personnes masquées ont brisé en outre plusieurs vitres d’un bâtiment du Parlement, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse.
Peu après 15 heures, la police belge a finalement chargé les manifestants sur la place du Luxembourg. Elle a utilisé des camions à eau et des grenades lacrymogènes. Le feu s’étendait sur la place, des vitres du Parlement européen avaient été brisées et les forces de l’ordre étaient visées par des jets de pommes de terre.
Certains participants, parfois très jeunes, se battaient entre eux ou tentaient d’intimider des journalistes.
Avant cela, quelques bagarres avaient opposé des manifestants arborant les couleurs du parti d’extrême droite allemand AfD à un groupe qui tentait d’arracher leurs drapeaux.
Dans un message posté sur X, mardi, la police de Bruxelles avait prévu « de nombreux embarras ». Jeudi, dans un message publié en début d’après-midi, elle annonce que le « comptage des tracteurs dans le quartier européen est de 950 tracteurs ». Selon La Libre Belgique : « Des pierres et des feux d’artifice ont été lancés à maintes reprises sur le bâtiment Station Europe et vers l’esplanade Solidarnosc, où se trouve la police. L’équivalent de deux bennes de pneus a été incendié, créant un imposant nuage de fumée noire visible d’un peu partout à Bruxelles. »
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