Selon la presse belge, « des pierres et des feux d’artifice ont été lancés sur le bâtiment Station Europe et vers l’esplanade Solidarnosc ». Les agriculteurs européens espèrent une dizaine de milliers de manifestants dans la capitale belge pour s’opposer à l’accord de libre-échange entre l’UE et des pays du Mercosur.
Dans un message posté sur X, mardi, la police de Bruxelles avait prévu « de nombreux embarras ». Jeudi, dans un message publié en début d’après-midi, elle annonce que le « comptage des tracteurs dans le quartier européen est de 950 tracteurs ». Selon La Libre : « Des pierres et des feux d’artifice ont été lancés à maintes reprises sur le bâtiment Station Europe et vers l’esplanade Solidarnosc, où se trouve la police. L’équivalent de deux bennes de pneus a été incendié, créant un imposant nuage de fumée noire visible d’un peu partout à Bruxelles. »
Depuis midi, une soixantaine de militants des deux syndicats mènent une opération escargot au niveau du péage de Roques-sur-Garonne, au sud-est de Toulouse. Quelques tracteurs et bennes sont stationnés sous un pont, sur la route nationale en direction de Muret. Pour Luc Mesbah, secrétaire général de la FDSEA 31 : « On veut marquer le coup et on stoppera nos actions ce soir. » Mais cet éleveur et céréalier ajoute : « Dans la nuit, nos camarades ont été délogés par les gendarmes d’un barrage sur l’A61 vers Carcassone, c’est inacceptable. »
Rapidement arrivé sur place, un important dispositif de la gendarmerie s’est déployé autour du rond-point, où les discussions avec les manifestants sont paisibles.
Dans la matinée, à Toulouse, la préfecture a communiqué au sujet de l’arrivée de 400 000 doses de vaccins destinés à couvrir la zone vaccinale en Occitanie.
Par ailleurs, la première réunion de la cellule de dialogue scientifique entre experts scientifiques et représentants professionnels agricoles d’Occitanie a eu lieu mercredi à la préfecture de Haute-Garonne. Elle doit instaurer un dialogue et examiner les propositions des syndicats sur un nouveau protocole à mettre en œuvre pour lutter contre la DNC.
Philippe Gagnebet (Toulouse, correspondant) Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)
Dans un communiqué de presse publié jeudi, le groupe RMC/BFM-TV a dénoncé l’agression dont ont été victimes deux journalistes de BFM-TV, mercredi, en Occitanie lors d’un reportage auprès d’agriculteurs mobilisés contre la stratégie nationale de lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
« A 22 h 45, une équipe de BFM-TV a été agressée à la fin d’une mission de duplex réalisée en Occitanie sur un point de blocage sur l’A61, écrit le groupe. (…) Nos deux journalistes ont été prises à partie violemment verbalement et menacées physiquement par un tracteur qui volontairement a tenté de les percuter, à deux reprises. » Les deux reporters vont porter plainte ainsi que le groupe, ajoute le communiqué.
La direction de BFM-TV a déploré « un acte intolérable » et « des violences inadmissibles », peut-on encore lire, et regretté un événement qui « survient malheureusement parmi une série de comportements à l’antenne ou hors antenne qui entravent le travail et la sécurité de ses journalistes ».
Ségolène Plomteux, conseillère à la Fédération wallonne de l’agriculture : « La Belgique n’arrivera malheureusement pas à bloquer l’adoption du [traité avec le] Mercosur, car il faut dégager un accord préalable entre la Flandre et la Wallonie, et c’est impossible. Donc le pays s’abstiendra. On est dans une autre configuration que pour le CETA [accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, signé en 2016] que la Wallonie avait retardé. Si le [traité avec le] Mercosur est adopté, nos secteurs de la viande, de la volaille et du sucre vont souffrir. »
Le traité Union européenne-Mercosur, censé faciliter les échanges commerciaux entre les deux blocs, s’annonce comme un point de crispation au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens réunis jeudi à Bruxelles.
Le Mercosur est un accord commercial entre l’Union européenne et cinq pays sud-américains du « Marché commun du Sud » dit Mercosur : le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Annoncé fin 2024 après vingt-cinq ans de négociations, il prévoit la suppression de la majorité des droits de douane entre ces deux zones et promet d’importants débouchés aux entreprises des deux continents : le marché sud-américain représente 270 millions de consommateurs, et l’Union européenne (UE), 450 millions.
Le traité doit favoriser les exportations européennes de voitures, de machines, d’alcool, de chocolat, d’huile d’olive ou de fromage. Et permettre l’entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains. L’enjeu de la transition énergétique et technologique pousse par ailleurs l’Europe à se rapprocher de cette partie du monde riche en lithium, cuivre, fer et cobalt.
Les syndicats d’agriculteurs sont très remontés. Le traité prévoit notamment des quotas d’exportation vers l’UE de 99 000 tonnes maximum pour la viande bovine, soit 1,6 % de la production de l’UE. Au-delà, des droits de plus de 40 % (au lieu de 7,5 %), continueront à s’appliquer, selon la Commission européenne.
Les éleveurs bovins français craignent de ne pas être concurrentiels en raison de normes environnementales et de sécurité alimentaire moins contraignantes pour leurs concurrents sud-américains. L’UE espère les rassurer avec des mesures de protection : le Parlement européen a approuvé mardi un suivi des produits sensibles comme le bœuf, la volaille ou le sucre, et une possible réintroduction de droits de douane en cas de déstabilisation du marché. Les eurodéputés et les Etats membres doivent cependant encore trouver un compromis sur les conditions précises dans lesquelles les mesures s’appliqueraient.
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, espère signer le traité samedi à Foz do Iguaçu, au Brésil, à l’occasion du sommet des chefs d’Etat des pays du Mercosur. Elle a cependant besoin de l’aval des chefs d’Etat et de gouvernement européens – d’où les discussions prévues au sommet de Bruxelles.
La ratification devra dans tous les cas passer ensuite par un vote du Parlement européen, où la partie pourrait s’avérer serrée. Environ 150 eurodéputés ont déjà appelé le Parlement à se tourner vers la Cour de justice de l’Union européenne pour contester le traité.
Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA et agriculteur dans la Marne : « Nous sommes 4 000 Français. Avec le Mercosur, on veut faire de l’agriculture une valeur d’ajustement, c’est indécent. On veut aussi reformer la PAC [politique agricole commune] et réduire son budget de 20 % au moment où tous les pays veulent assurer une souveraineté alimentaire. »
Merci de votre question. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, entend signer l’accord avec le Mercosur, samedi, dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu, les pays européens se montrent divisés sur le sujet.
Les premiers incidents ont éclaté à Bruxelles vers 10 h 30. Massés près du Parlement européen, où doit arriver la manifestation contre l’accord avec le Mercosur, laquelle était censée débuter vers midi dans une autre partie de la ville, des agriculteurs masqués, qui avaient aussi camouflé la plaque minéralogique de leurs tracteurs, ont lancé des pétards sur les policiers, qui ont répliqué à coup de lacrymogènes.
Jérôme Volle, viticulteur en Ardèche, participe à la manifestation bruxelloise contre le traité de libre-échange entre l’Union européenne et cinq pays d’Amérique du Sud : « Le Mercosur, c’est introduire des échanges totalement déséquilibrés avec des produits soumis à moins de règles. On ne protégera plus le consommateur français alors qu’on ajoute sans cesse des contraintes au niveau européen. On veut nous entraîner dans un match de rugby avec des règles différentes pour les deux équipes. »
Le président français, Emmanuel Macron, a réaffirmé, jeudi à Bruxelles, que la France n’était pas prête à signer en l’état l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur. « Je veux dire à nos agriculteurs qui manifestent la clarté de la position de la France depuis le début : sur le Mercosur, nous considérons que le compte n’y est pas et que cet accord ne peut pas être signé », a-t-il déclaré.
Emmanuel Macron a redit en arrivant à un sommet de l’UE que son « objectif » était un report du vote espéré cette semaine par la Commission européenne. « Si aujourd’hui il y a une volonté de passage en force alors qu’on n’a pas de la visibilité » sur les conditions fixées par Paris, « je vous le dis très clairement, la France s’opposera », a-t-il insisté, tout en refusant d’affirmer qu’il y aurait une minorité de blocage.
Sous la pression des agriculteurs et d’une classe politique quasi-unanimement opposés à cet accord, la France demande des « clauses de sauvegarde », sorte de « frein d’urgence » pour stopper l’entrée dans l’UE de produits agricoles si des marchés sont « déstabilisés », a rappelé le président. Sur ce point, la Commission européenne a répondu aux exigences françaises, « on avance dans la bonne direction » mais « ça n’est pas encore prêt », a-t-il toutefois jugé.
Elle veut aussi des « clauses miroirs », pour assurer la « réciprocité » en matière de normes sanitaires et environnementales de production. Là aussi, il y a eu des propositions de Bruxelles, « des comités se réunissent en janvier », mais « on n’est pas prêts », a martelé Emmanuel Macron. Enfin, les contrôles sanitaires aux frontières de l’UE doivent être renforcés au 1er janvier. « Très bien, on va regarder », a temporisé le chef de l’Etat. « On doit être respectés », a-t-il affirmé. Les agriculteurs français, « on ne peut pas aujourd’hui les sacrifier sur le Mercosur, ça n’est pas sérieux. »
« Je n’aime pas qu’on balade les gens, donc je ne vais pas balader nos agriculteurs », a encore déclaré M. Macron, assurant avoir « un bon sens un peu paysan ». Et si les trois conditions françaises sont réunies, la France acceptera-t-elle l’accord ? « Oui mais on n’y est pas », a répondu le président.
Les principaux syndicats agricoles seront reçus, vendredi à Matignon, par le premier ministre, Sébastien Lecornu, qui a supervisé les dernières annonces sur la gestion de l’épizootie de dermatose bovine, à l’origine du réveil de la colère agricole alimentée par l’accord Union européenne-Mercosur. « J’ai eu un contact la semaine dernière et nous le verrons demain matin à son invitation à Matignon à 9 h 45 », a déclaré le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA, droite), Arnaud Rousseau, sur RMC/BFM-TV.
Premier syndicat agricole grâce à son alliance avec les Jeunes agriculteurs (JA), la FNSEA a soutenu la gestion de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) par l’Etat, c’est-à-dire l’abattage total des foyers infectés, la vaccination dans les zones touchées et l’interdiction des mouvements d’animaux. Mais, localement, des adhérents de la FNSEA manifestent aux côtés des autres syndicats qui contestent cette politique.
« On a des gens qui sont en action partout, avec parfois des clivages très clairement sur le sujet de la dermatose », a reconnu Arnaud Rousseau. « Mais je ne voudrais pas que la dermatose cache le reste des difficultés agricoles », a-t-il ajouté, en référence aux manifestations qui ont lieu jeudi à Bruxelles, où il se trouve, contre l’accord UE-Mercosur.
Les Jeunes Agriculteurs, dont les adhérents sont nombreux sur les barrages routiers dans le Sud-Ouest, seront aussi reçus séparément à 8 h 30, ont-ils confirmé à l’Agence France-Presse (AFP). Idem pour la Coordination rurale (extrême droite), deuxième force syndicale habituée des actions coup de poing surtout dans ses bastions du Sud-Ouest. La Confédération paysanne, troisième syndicat, marqué à gauche, attend une confirmation mais doit être reçue en fin de matinée, a-t-elle précisé à l’AFP.
Ces deux syndicats sont le fer de lance des actions et blocages routiers qui ont cours en France, surtout dans le Sud-Ouest depuis une semaine. Ils demandent la fin des abattages totaux et la vaccination nationale. Ces deux syndicats sont aussi historiquement opposés au traité avec le Mercosur.
Plusieurs collectifs ont menacé de maintenir leurs blocages pendant les fêtes. « C’est au gouvernement et c’est à Bruxelles d’apporter les réponses. Depuis plus de deux ans maintenant, on est mobilisés (…) notre objectif n’est pas d’emmerder les Français », a insisté Arnaud Rousseau, sans exclure un maintien des actions au cours des prochaines semaines, de la part des branches locales.
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